Les SHS : Erudition versus expérimentation

On 2 décembre 2012, in Uncategorized, by Djamel A.

Dans notre société moderne, dite du savoir, la richesse, notamment économique, réside de plus en plus dans des actifs immatériels : savoirs et savoir-faires. Les rapports sociaux et les interactions humaines se modifient et se densifient pour amplifier les connaissances et les compétences qui en découlent.  Il en résulte alors une meilleure efficience du réseau des acteurs sociaux dans la production de richesses socio-économiques. Cette nécessité systémique d’interactions est requise par le modèle du progrès humain qui vise à couvrir de nouveaux besoins : culturels, éthiques, esthétiques etc. La compréhension de ces attentes partagées, dans un monde globalisé et en constante transformation, interpelle encore davantage les SHS car cette question, de la réponse à la fois scientifique et sociétale, est au cœur même de leur objet.  Dès lors, les SHS ne se limitent plus à fournir des théories explicatives et donc spéculatives mais proposent aussi des réponses scientifiques dites pragmatiques, reproductibles et donc, conduisant à des connaissances que l’on pourrait qualifier d’actionnables. Les SHS apporteraient elles ainsi de meilleures réponses à ces besoins qu’ils soient individuels ou collectifs ?

Les SHS, comme toutes les sciences, s’interrogent sur les nouveaux paradigmes  qu’elles développent et mettent en oeuvre.  Celui de l’expérimentation, de l’approche empirique et inductive va t-il s’imposer face au schéma classique de l’érudition, du raisonnement  logico-déductif, en SHS?

Il est indéniable que les sciences de la nature et du vivant qui connaissent ce même questionnement ont apporté une réponse en faveur de l’approche expérimentale et empirique.  Par exemple, certains domaines de la médecine comme la psychiatrie, les théories spéculatives semblent céder le pas pour se fondre dans les neurosciences où l’observation et l’expérimentation constituent les fondements de cette jeune discipline. Les SHS longtemps bloquées par l’irréductibilité des phénomènes observables quant à leur reproduction en laboratoire, disposent maintenant de moyens leur assurant l’observation des phénomènes en grandeur nature, libérant ainsi cette contrainte. Par exemple, le mouvement des individus dans une foule de plusieurs milliers dans une ville, jadis quasi-inaccessible au sociologue,  est tout à fait observable grâce aux puces des téléphones. Allons nous assister au même mouvement vers l’univers empirico-inductif ? La tendance des travaux recherches modernes semblent favoriser cette hypothèse.

 

Comments are closed.